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Journées du théâtre de la Cité « Extrait » de Nader Belaid

C’est avec la pièce « Extrait » de Nader Belaid que la troisième soirée des journées du théâtre de la Cité qui se tiennent du 27 mars au 2 avril au théâtre des régions a été agrémentée, en présence d’un public averti qui a suivi avec une grande attention et de bout en bout cette œuvre audacieuse sur le plan de la dramaturgie.
Le récit commence par la rencontre de Jalloul Brini, un personnage souffrant d’un trouble mental profond avec son psychiatre, un autre personnage sans scrupule qui par incompétence le plonge encore plus dans son délire insoutenable. Sur une scène où le décor se résume en quelques chaises plongées dans une atmosphère où la lumière oscille entre le clair et l’obscur, surgissent quatre autres personnages lugubres évoluant comme des électrons libres sur un fond de démence collective. Et c’est à travers le récit de chacun d’eux dans une confrontation quasi brutale avec le médecin traitant que la pièce livre peu à peu des repères aidant à élucider le mystère qui entoure le personnage principal : Jalloul. Un homme d’une quarantaine d’années emprisonné dans un univers de souffrance permanente due à un traumatisme d’enfance. A travers le récit de ce malade, l’œuvre livre plusieurs métaphores sur le harcèlement, la torture sous toutes ses formes, la solitude, la dépravation, autant de maux qui poussent à l’enfermement et la réclusion. Tous les personnages sont aliénés, impuissants face à la douleur qui les accable, et anéantis par le poids de leur vécu. Des êtres perdus, désorientés, torturés par leur conscience et par une vie sans lendemain. De la tristesse à en mourir qui décrit un personnage pris au piège de la schizophrénie de laquelle il peine à en sortir.
Les accessoires scénographiques utilisés par le metteur en scène, des boules lumineuses, accentuent la tragédie du personnage et sa solitude. Mais au bout de la pièce qui dure 60 minutes, le public découvre que les quatre personnages et le médecin qui les traite au cours d’une séance de thérapie de groupe ne sont que le produit des fantasmes de Jalloul. La pièce s’achève avec la lecture en voix off d’une citation de Mustapha Mahmoud, sur l’absurdité de l’Homme qui a du mal à accepter l’immanence de sa fin en s’accrochant à des biens et des choses éphémères comme sa propre vie.
Une pièce bien ficelée interprétée avec brio par les comédiens Ramzi Abdeljaoued, Mohamed Ali Dridi, Mohamed Barhoumi, Ridha Mosbah Ouled Hammouda, Mariem ben Hassen, Ons Hammami et Amine Lahmar.

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